Développer la conscience morphologique chez les lecteurs en difficulté

Lecture : 3 min.
Mis à jour le 01 Juin 2020

Temps approximatif de lecture : 3 à 4 minutes

Comment soutenir les élèves du primaire vivant des difficultés d’apprentissage en lecture? Selon la professeure Anila Fejzo, de l’Université du Québec à Montréal, il serait pertinent de favoriser le développement de la conscience morphologique, car elle permet d’améliorer l’identification des mots complexes chez ce type de lecteurs. Cet article propose une activité morphologique pouvant être mise en œuvre au niveau primaire pour soutenir les élèves en difficulté.

L’article à l’origine du présent texte est disponible via le Réseau québécois de recherche et de transfert en littératie, dont fait partie la professeure Anila Fejzo. D’autres ressources sur ce thème sont disponibles sur leur site Web, dont plusieurs sont accessibles en ligne gratuitement.

Source de l’image: Walter Otto/ShutterStock

Importance de la conscience morphologique

Lorsque les élèves du primaire passent à des textes plus complexes, ils se heurtent à un obstacle de taille. Comme ces textes sont souvent denses et moins concrets, les élèves doivent accorder de l’importance à la compréhension des mots, au détriment de leur identification. Si ce sont des mots familiers, la compréhension se fait aisément, mais ce n’est pas le cas pour la majorité des mots. Ainsi, les élèves du troisième cycle du primaire ayant une faible connaissance des morphèmes (environ 15 à 20 %) auraient de la difficulté à décoder les mots composés de plusieurs morphèmes.

Séquence d’une activité morphologique

Il est essentiel d’avoir préalablement introduit les élèves au concept de la « famille de mots ». L’enseignant peut, avec cette séquence, « activer les connaissances antérieures et motiver et orienter les élèves vers l’acquisition de nouvelles connaissances » (Fejzo). Elle se déroule en trois phases :

  1. Mise en situation : L’enseignant fournit une racine (courage) et demande aux élèves d’identifier des mots de la même famille, comme courageux ou encourager. Pour les préparer à l’étape suivante, il est utile de questionner les élèves sur la manière dont la connaissance d’une famille de mots peut servir; le but est de leur faire réaliser que la connaissance d’une racine peut contribuer au décodage rapide de mots inconnus.
  2. Trois activités possibles :
    • Une course à l’identification : À l’aide d’un tableau blanc interactif, des élèves volontaires sont invités à identifier le plus rapidement possible les mots d’une même famille dispersés parmi d’autres mots qui lui ressemblent.
    • Un travail de mémoire : Dans un diaporama ou sur une grande affiche, l’enseignant dispose une racine et, en utilisant la fonction apparition-disparition, il présente des mots de même famille en les laissant exposés pour environ 500 millisecondes. Pour les élèves, le défi est, par la suite, de se rappeler et d’écrire les mots dont ils se souviennent. Cette activité peut même être réalisée en équipe.
    • Rapidité de lecture : L’enseignant peut aussi proposer une liste de mots aux élèves, placés en équipe de deux. Les élèves doivent alors se chronométrer alors qu’ils lisent la liste jusqu’à trois fois chacun. L’objectif est d’améliorer la rapidité de lecture.
  3. Intégration : L’enseignant demande aux élèves de s’exprimer dans leurs propres mots sur les activités présentées en classe en ce qui concerne les familles de mots, sur ce qu’ils en tirent et de quelle façon cela leur servira.

« Ainsi, partir de ce que les élèves ont implicitement acquis pour les amener vers des connaissances explicites plus complexes, les inviter à observer, réfléchir et découvrir les régularités de la formation des mots en français (Brissaud et Cogis, 2011), les inciter à prévoir le transfert des connaissances morphologiques dans des situations de lecture et d’écriture et répondre à leurs besoins spécifiques […]. » (Fejzo, 2018)

Conclusion

Cette séquence type peut être utilisée en outre pour favoriser une meilleure compréhension des mots polymorphémiques, par exemple sur les préfixes (ex. : dé-, in-, re-) et les suffixes (ex. : -ment, -ion, -age). Avec des activités morphologiques de ce genre, les élèves pourront plus facilement appréhender des mots plus complexes et fluidifier leur lecture.

Référence

Fejzo, A. (2018). Améliorer la lecture de mots multisyllabiques/polymorphémiques par des activités morphologiques. https://www.taalecole.ca/lecture-de-mots/

Source de l’image: Walter Otto/ShutterStock

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