Les facteurs territoriaux de persévérance et de réussite scolaire au Québec

Lecture : 3 min.
Mis à jour le 06 Mai 2019

Le taux de diplomation et de qualification demeure un indicateur important lorsqu’arrive le moment de mesurer le parcours et la réussite scolaires des élèves sur un territoire. Par ce taux, le ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur détermine, pour un territoire donné, la proportion d’élèves qui ont obtenu un diplôme ou une qualification au plus tard sept ans après leur entrée au secondaire. Cela lui permet aussi de fixer des objectifs précis relativement aux taux obtenus (ex. : établissement de mesures propres à accroître la diplomation ou à réduire la durée des études).

Pixabay

En 2009, le Québec s’était donné comme objectif une proportion de 80 % de diplômés à atteindre avant la fin de 2020. Ce taux a été rehaussé à 90 % avec une échéance à 2030 après l’adoption de la nouvelle Politique de la réussite éducative en 2018, alors qu’il avoisinait les 70 %. Mais bien que des efforts aient été faits ces dernières années pour améliorer le taux de diplomation et de qualification partout dans la province, celui-ci reste disproportionné d’un territoire à un autre. Par exemple, quand on prend les cohortes de 2006 et de 2007, en analysant le nombre et la qualité des diplômes obtenus respectivement en 2013 et en 2014, le taux de diplomation et de qualification varie de 48 % à 87 % à l’échelle des municipalités régionales des comtés (MRC) du Québec. Plusieurs facteurs individuels, familiaux et scolaires expliquent néanmoins cette disparité entre territoires en matière de persévérance et de réussite scolaire.

Une étude menée à ce sujet par l’équipe du chercheur-enseignant Michaël Gaudreault visait deux objectifs :

  1. Vérifier si certains facteurs individuels et familiaux liés à la persévérance scolaire y sont également associés lorsqu’on les analyse à l’échelle des territoires;
  2. Explorer l’influence de nouveaux indicateurs territoriaux sur la persévérance scolaire.

Dans le cadre de cette étude, les chercheurs ont privilégié un découpage territorial à l’échelle des MRC, à l’exception des trois territoires de la région Nord-du-Québec en raison des données peu fiables ou manquantes sur ces territoires, ou des différences de tendances considérables observées par rapport aux autres MRC du Québec. L’équipe de chercheurs a retenu les six composantes territoriales suivantes pour l’analyse des données : (i) démographie et familles; (ii) scolarité; (iii) diversité ethnoculturelle; (iv) marché de l’emploi; (v) conditions de vie; (vi) occupation de l’espace.

[Comment les parents peuvent-ils favoriser la persévérance chez leurs enfants?]

Les résultats obtenus montrent que le faible taux de diplomation des jeunes au secondaire qui résident sur tel ou tel territoire est lié à plusieurs facteurs, notamment une importante proportion de familles monoparentales, de logements surpeuplés, d’adultes sans diplôme, d’autochtones et de gens ayant déménagé. Par ailleurs, le fait d’avoir une proportion élevée d’immigrants de première génération sur le territoire d’une MRC a une incidence positive sur le taux de diplomation lié à ce territoire. De plus, les résultats obtenus ont permis de mettre en évidence deux nouvelles composantes territoriales qui influencent soit négativement, soit positivement la dynamique de diplomation des jeunes au secondaire : le marché de l’emploi (taille des entreprises, domaines d’emploi, entreprises agricoles) et l’occupation de l’espace (distance des cégeps et date de construction des bâtiments). Enfin, la non-connaissance du français et les logements nécessitant des réparations majeures ont été identifiés comme des facteurs associés à une plus faible diplomation, alors que la densité de la population est un facteur associé à une plus forte diplomation, donc considéré comme un facteur territorial de réussite scolaire.

[Pour consulter la recherche, www.cartojeunes.ca/donnees/media/fichiers/FicheSynthese_AnalyseTerritoriale.pdf]

Référence

Gaudreault, M., Morin, I., Simard, J.-G., Perron, M. et Veillette, S. (2018). Les facteurs territoriaux de persévérance et de réussite scolaires au Québec. Les Sciences de l’éducation – Pour l’Ère nouvelle, 51(3), 37-60. Repéré à www.cartojeunes.ca/donnees/media/fichiers/FicheSynthese_AnalyseTerritoriale.pdf

Source de l’image : Pixabay

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  • Bonjour, je vous remercie pour le partage de votre recherche. Provenant de la région du Nord-du-Québec, je vous contacte pour savoir quels sont les données collectées concernant les facteurs de persévérance et de réussite scolaire. Je souhaiterais savoir les raisons pour lesquelles vos données sont manquantes. Cordialement, Nathalie

    Nathalie
    • Références
      Pour plus d’informations concernant cette étude, consultez le site CartoJeunes.ca dans la section Aller plus loin/Analyses territoriales et aussi :
      http://www.cartojeunes.ca/page/infos-sur-les-donnees

      Nathalie Couzon
    • Les données collectées concernent notamment :
      1- le taux de diplomation et de qualification après 7 ans au secondaire;
      2- trois dimensions des composantes territoriales : population, économie et environnement bâti. Pour la dimension « Population », trois composantes ont été explorées : « Démographie et familles », « Scolarité » et « Diversité ethnoculturelle ». Deux composantes de la dimension « Économie » ont également été forées : « Marché de l’emploi » et « Conditions de vie ». Finalement, dans la dimension « Environnement bâti », c’est la composante « Occupation de l’espace » qui a été retenue.
      Pour la deuxième question, les trois MRC de la région Nord-du-Québec ont cependant dû être exclues de l’analyse en raison de données peu fiables, manquantes ou s’éloignant de façon trop importante de la tendance observée dans les autres MRC du Québec. Ce sont les raisons de l’exclusion rapportées par les auteurs de l’étude eux-mêmes (https://www.cairn.info/revue-les-sciences-de-l-education-pour-l-erenouvelle-2018-3-page-37.htm)

      Nathalie Couzon